Marcel Jetté veut
sensibiliser les travailleurs
à la centrale nucléaire de Gentilly


Il est atteint d'un cancer incurable après
avoir travaillé à la centrale nucléaire

Le Nouvelliste
Trois Rivières

par Marcel Aubry.


Victoriaville: M. Marcel Jetté de Mont-Carmel, un ex-travailleur qui a fait de la soudure à l'argon entre les années 1967 à 1997 chez différents employeurs, et qui est aujourd'hui atteint d'un « cancer indolent et incurable » avec une espérance de vie de 8 à 12 ans, s'est rendu à Victoriaville, jeudi soir, dans le but de livrer un témoignage devant les membres de la Commission d'enquête et d'audience publique du BAPE (Bureau d'audiences publiques sur l'environnement) sur la gestion de l'eau au Québec.

L'homme âgé de 61 ans dit avoir travaillé durant un mois et demi sous rayonnements, en 1971, dans le bâtiment du réacteur à Gentilly. Il affirme avoir également reçu des doses à l'occasion de périodes de travail effectuées à la centrale nucléaire en 1982, en 1993 et en 1995. « Or rien ne s'est rendu au Bureau du registre des doses à Ottawa », a-t-il soutenu, en mentionnant que cela n'avait pas de sens et qu'une enquête devrait être ouverte sur le sujet.

Au cours de son témoignage, M. Jetté a affirmé que plusieurs personnes étaient décédées du cancer après avoir travaillé à la centrale Gentilly. Il a suggéré que le gouvernement du Québec consente un peu d'argent pour former des experts sur la radioactivité. « Ce n'est pas bon, a-t-il dit, de se fier uniquement à Hydro-Québec et à la Commission de contrôle de l'énergie atomique du Canada sur ces questions-là, surtout qu'il s'agit de deux intouchables. »

Selon M. Jetté, encore aujourd'hui, des travailleurs reçoivent des doses à la centrale nucléaire de Gentilly. Il les incite à la prudence en soulignant que toute dose est une surdose et que cela est dommageable.

Au terme de son témoignage, en entrevue au Nouvelliste, M. Jetté a expliqué que son intervention publique avait principalement pour but d'alerter l'opinion des gens qui travaillent présentement à la centrale nucléaire de Gentilly où, selon lui, l'organisation a tendance à minimiser les risques et les dangers associés à la radioactivité.

M. Jetté, qui est sans travail depuis le 26 avril 1997, affirme qu'il ne pourra plus jamais travailler à cause de son cancer incurable.

Le 29 juin 1998, M. Jetté s'est vu refusé par la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) sa demande de réclamation pour une lésion professionnelle survenue le 1er mai 1995 à la Centrale nucléaire de Gentilly, alors qu'il a eu à travailler dans le ballon de vapeur où la radiation était la plus forte.

Il en a appelé de cette décision à la Direction de la révision administrative de la CSST. Me Annie Gagnon, une avocate de la Fondation pour l'aide aux travailleurs accidentés (FATA), a soutenu devant ce tribunal administratif que M. Jetté devrait bénéficier de la présomption prévue à l'article 29 de la Loi des accidents de travail puisqu'il « souffre d'une maladie causée par les radiations ionisantes et qu'il a exercé un travail l'exposant à des radiations ionisantes. »

Elle citait en cela l'opinion du Dr. Danièle Marceau, hémato-oncologue, qui retenait de l'étude du dossier et de sa rencontre avec le travailleur qu'il souffrait d'un lymphome, soit un cancer reconnu avec la radiation ionisante.

Toutefois, dans une décision rendue le 7 octobre 1998, la Direction de la révision administrative de la CSST mentionnait qu'elle s'en tenait plutôt à l'opinion du médecin régional de la Commission, le Dr. Gélinas, qui concluait « à l'absence d'un lien de causalité compte tenu de la dose reçue, du temps d'exposition et du délai d'apparition de la lésion diagnostiquée. »

Aussi, la Direction de la révision administrative décidait-elle de maintenir la décision de la CSST du 29 juin 1998 et concluait que « le travailleur n'a pas subi la lésion professionnelle le 1er mai 1995. Par conséquent, concluait-elle, il n'a pas droit aux indemnités prévues par la loi."


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