La technologie nucléaire
~ notions de base ~



TEXTE: Gordon Edwards

                             

PHOTOS: Robert Del Tredici



TABLE DES MATIÈRES


L'URANIUM


Cette pelle sert à extraire le minerai d'uranium dans le secteur
Gaertner de la mine Key Lake, dans le nord de la Saskatchewan.


L'URANIUM

Utilisation

L'uranium est un élément naturel radioactif. On l'utilise à deux fins principales: la fabrication de bombes et la production d'électricité. Ces deux usages qu'on en fait ne sont pas mutuellement exclusifs. Ce métal sert aussi depuis quelques années au blindage de chars d'assaut, d'obus d'artillerie et de balles.

Le Canada a été le premier pays à faire l'exploitation de l'uranium. C'est à Port Radium (T.N.-0.), au bord du Grand lac de l'Ours, qu'on a ouvert la première mine d'uranium au monde. Et c'est au Canada, aussi, qu'on a construit la première affinerie d'uranium à l'échelle industrielle, à Port Hope, en Ontario. Au cours de la Deuxième guerre mondiale, cette usine secrète servit à enrichir l'uranium nécessaire aux Alliés dans le cadre de leur projet de développement de la bombe atomique.

Une bonne part de l'uranium utilisé dans les armes nucléaires de la course aux armements de la guerre froide provenait des mines de Port Radium et de Rayrock (T.N.-O.), de Uranium City (Sask.) ainsi que de Bancroft et Elliot Lake (Ont). En 1960 les contrats avec les militaires américains ont pris fin. Tout l'uranium exploité au Canada depuis 1965 a été vendu comme combustible de réacteur.

Au Canada, le taux de mortalité dû au cancer du poumon des travailleurs de mine d'uranium est beaucoup plus élevé que celui de la population en général. Déjà en 1932 le gouvernement fédéral connaissait les dangers de l'exploitation des mines d'uranium et de radium, mais n'en a pas informé les travailleurs ni compensé les veuves des victimes avant 1973. Une enquête est en cours pour déterminer la cause d'une épidémie de décès par cancer chez les hommes de la communauté autochtone Dene de Deline (T.N.-O.) qui ont travaillé des dizaines d'années comme porteurs de sacs de concentrés radioactifs.

Le Canada est toujours le premier producteur et exportateur mondial d'uranium. Depuis la fermeture des mines à Uranium City et à Elliot Lake, tout l'uranium exploité au pays provient maintenant des riches gisements du bassin d'Athabaska, dans le nord de la Saskatchewan.

On exporte cet uranium partout à travers le monde. Les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, et la Suède comptent parmi les principaux pays acheteurs. Moins de 20 pour cent de l'uranium canadien est utilisé au pays.

Les pays qui achètent l'uranium canadien doivent promettre de ne pas l'utiliser pour en faire des armes. Mais il y a des preuves qu'une partie de l'uranium canadien finit toujours par se trouver dans des bombes atomiques.

L'URANIUM

Traitement

On trouve de l'uranium un peu partout dans la croûte terrestre; il se présente sous forme plus concentrée, en gisements, dans certains types de roches. Les gisements qui se trouvent près de la surface sont exploités dans des mines à ciel ouvert, alors que ceux en profondeur requièrent des installations souterraines.

On trouve habituellement un concentrateur attenant à ces mines. C'est là qu'on broie la roche et qu'on concentre l'uranium qui s'y trouve. La plus grande part de cette roche broyée est rejetée sous forme de sable et de boue qu'on appelle résidus; ceux-ci sont radioactifs et demeurent nocifs pendant plusieurs centaines de milliers d'années.

Le concentré d'uranium, appelé yellowcake, subit ensuite plusieurs transformations chimiques. Au Canada, on l'envoie par camion vers les affineries ontariennes de Blind River et de Port Hope, qui travaillent en tandem pour transformer le yellowcake . . .

  1. soit en oxyde d'uranium, pour être utilisé ici comme combustible dans les réacteurs CANDU,
  2. soit en hexafluorure d'uranium, pour ensuite être enrichi et utilisé dans des réacteurs de type différent du CANDU.

En le chauffant légèrement, l'hexafluorure d'uranium passe à l'état gazeux et peut alors être «enrichi». On utilise l'uranium enrichi dans presque tous les réacteurs de recherche, dans la plupart des réacteurs de fabrication non canadienne servant à produire de l'électricité, et dans les bombes atomiques.

L'enrichissement de l'uranium est une technique de haute technicité et d'importance stratégique, puisqu'on peut l'utiliser pour fabriquer des explosifs nucléaires. Tous les pays possédant des armes nucléaires ont des usines d'enrichissement. Il n'y en a donc pas au Canada.

Le Canada exporte l'uranium sous forme d'hexafluorure. On l'envoie d'abord dans un des pays dotés de l' arme nucléaire (les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France ou la Russie) pour enrichissement avant de l'acheminer sous forme de combustible de réacteur à des clients à l'étranger.

Pour chaque 6 kilogrammes d'uranium qui entre dans une usine d'enrichissement, un seul est expédié au client sous forme de combustible enrichi. Le reste, qu'on appelle uranium appauvri, est jeté, n'ayant aucune utilisation pacifique utile. Mais il a d'importantes applications militaires. L'uranium appauvri est utilisé dans la fabrication des détonateurs au plutonium utilisés dans les armes nucléaires. On l'utilise aussi pour renforcer l'acier des véhicules blindés et pour changer les munitions conventionnelles en projectiles perforant les plaques de blindage.


LE PLUTONIUM


Cette boule en verre représente exactement le volume de plutonium qui
se trouvait dans le coeur de la bombe qui a détruit la ville de Nagasaki


LE PLUTONIUM

La bombe

Le plutonium est l'explosif le plus utilisé dans la fabrication des armes atomiques. C'est un élément artificiel créé dans tout réacteur dont le combustible est l'uranium. L'unique but des premiers réacteurs qui furent construits aux États-Unis était le plutonium pour les bombes.

Pendant la Deuxième guerre mondiale le Canada était à la fine pointe de la recherche sur le plutonium. Des scientifiques britanniques, français et canadiens, regroupés dans un laboratoire secret à Montréal, travaillèrent à établir et à démontrer les méthodes les plus efficaces de produire du plutonium.

Ces travaux menèrent à la décision que prirent les hautes instances militaires de Washington en 1944, soit de construire au Canada les premiers réacteurs à eau lourde. C'est Chalk River, en Ontario, que les autorités canadiennes choisirent comme site de production de plutonium et de recherche sur d'autres applications de l'énergie nucléaire. On y a aussi construit et exploité une usine-pilote d'extraction de plutonium.

La mise en place des programmes d'armement nucléaire des Français et des Britanniques fut le fruit de recherches effectuées ici. C'est avec du plutonium en provenance de Chalk River que les Britanniques firent leur premier essai nucléaire en 1952. C'est à partir des données recueillies à Chalk River qu'on a ensuite construit l'usine d'extraction de plutonium de Windscale, en Grande-Bretagne.

Afin d'enrayer les coûts exorbitants de la recherche qui se faisait à Chalk River, les Canadiens vendirent pendant 20 ans du plutonium aux Américains pour les bombes de leur programme d'armement atomique. Tout client étranger qui achète au Canada un réacteur nucléaire ou de l'uranium doit promettre de ne pas l'utiliser pour en fabriquer des bombes. Il est cependant impossible de s'assurer que ces ententes soient respectées. Une fois créé, le plutonium peut servir à fabriquer des armes pour des milliers d'années, bien longtemps après que les réacteurs ont été démantelés et les ententes oubliées.

En 1974, l'Inde fit exploser sa première bombe atomique; le plutonium provenait d'un réacteur de recherche que le gouvernement canadien lui avait gracieusement offert dans le cadre de son programme d'«aide» aux pays en développement. La plus grande part du plutonium indien est produit dans des répliques de réacteurs canadiens. L'Inde a aussi commencé à stocker le tritium produit à partir de ses clones de réacteurs CANDU. Le tritium est un puissant explosif utilisé dans les armes atomiques plus perfectionnées.

Tous les autres pays qui ont obtenu des réacteurs canadiens Ð le Pakistan, Taïwan, la Corée du Sud, l'Argentine, la Roumanie et la Chine Ð ont soit acquis la capacité nucléaire ou ont tenté de s'engager dans un programme d'armement .

LE PLUTONIUM

L'ambiguïté

En 1996, le premier ministre Jean Chrétien annonçait que le Canada était prêt à accepter 100 tonnes de plutonium provenant du démantèlement d'ogives nucléaires russes et américaines pour s'en servir comme combustible dans des réacteurs ontariens. Les tenants de cette idée prétendent que cela rendra la planète plus sécuritaire puisqu'en forgeant ainsi les épées en socs, on réduira les stocks de plutonium militaire, ses détracteurs pensent plutôt que cela ne fera que promouvoir l'utilisation du plutonium comme combustible à l'échelle globale, ce qui rendra cette substance encore plus facile à obtenir pour en faire des bombes.

Les promoteurs du nucléaire ont toujours été convaincus que le plutonium remplacera un jour l'uranium comme combustible de réacteur; ils le voient comme la principale source d'énergie de l'avenir. Au Japon, en Allemagne, en France, en Russie, en Inde et en Grande-Bretagne, on prévoit bientôt utiliser le combustible à plutonium de façon routinière. En fait, les stocks civils de plutonium sont plus importants que les stocks militaires et augmentent plus rapidement. Ce fait est troublant, puisqu'il ne faut qu'environ six kilos de plutonium, soit la grosseur d'un pamplemousse, pour fabriquer un puissant engin nucléaire.

Pour pouvoir utiliser le plutonium, il faut d'abord l'extraire du combustible usé. Cela se fait à l'aide de robots dans une usine de retraitement. On dissout le combustible usé dans de l'acide et on sépare ensuite chimiquement le plutonium de cette solution; il en résulte des déchets nucléaires hautement radioactifs sous forme liquide.

Une fois extrait, le plutonium peut être utilisé soit comme combustible de réacteur, soit comme explosif dans les bombes. C'est donc dire que tout pays ayant une usine de retraitement ou possédant du combustible à plutonium a la possibilité de fabriquer rapidement une arme nucléaire. Un groupe terroriste pourrait aussi fabriquer une bombe avec du plutonium volé.

Les réacteurs CANDU produisent plus de plutonium que les autres types de réacteurs vendus pour produire de l'électricité. Il est aussi plus difficile d'observer si les opérateurs d'un CANDU sont en train d'en extraire le plutonium, puisque les grappes de combustible peuvent être retirées du coeur sans qu'il soit nécessaire d'arrêter le réacteur. Le Canada se fie à la parole de ses clients pour empêcher l'utilisation militaire du plutonium.

Le Canada ne s'oppose pas à l'utilisation du plutonium comme combustible; au contraire, Ottawa laisse même la porte ouverte au retraitement commercial des déchets nucléaires au Canada. Ottawa n'est même pas contre les armes nucléaires, comme en fait foi son adhésion à l'OTAN, qui a comme politique d'employer en premier ses armes nucléaires si nécessaire. Les pays en développement déplorent cette attitude de «deux poids, deux mesures».


LES DÉCHETS RADIOACTIFS


Ces résidus miniers radioactifs qui forment le mur qu'on aperçoit derrière
les arbres, proviennent de la mine Stanrock, à Elliot Lake, en Ontario.


LES DÉCHETS RADIOACTIFS

Les résidus miniers

Il existe environ 200 millions de tonnes de résidus de mines d'uranium au Canada. Ces résidus miniers radioactifs, qui ont la texture du sable, se trouvent surtout en Ontario et en Saskatchewan. Ce type de déchet radioactif reste dangereux pour des centaines de milliers d'années. Ces résidus contiennent certaines des plus puissantes substances cancérigènes connues: le radium, le gaz radon, le polonium, le thorium et plusieurs autres. On trouve aussi des résidus miniers radioactifs là où on exploite des gisements de phosphates et d'autres minerais qui contiennent de l'uranium.

En 1978, une commission royale ontarienne recommandait qu'un comité d'écologistes de renommée mondiale se penche sur la question des problèmes à long terme suscités par les résidus miniers radioactifs et que l'avenir de l'énergie nucléaire soit réévalué à la lumière des résultats de leur enquête. Le gouvernement n'a pas tenu compte de ces recommandations.

LES DÉCHETS RADIOACTIFS

Les déchets de Port Hope

En 1975, on a dû procéder à l'évacuation de l'école St. Mary's de Port Hope, en Ontario, à cause de la concentration élevée de gaz radon mesurée dans la cafétéria. On s'est bientôt rendu compte que de grandes quantités de déchets radioactifs en provenance des installations d'affinage de l'uranium avaient été utilisées comme matériau de construction à l'école et ailleurs dans la ville. On s'est rendu compte que des centaines de maisons étaient contaminées.

On a bientôt découvert d'autres problèmes : trois dépotoirs comportant des fuites radioactives, une plage publique radioactive, des déchets radioactifs déversés dans le port et des matières radioactives déversées dans des ravins entourant la ville. Somme toute, 800 000 tonnes de déchets radioactifs recensés et marqués pour enlèvement et stockage ailleurs.

Un comité de travail fédéral a passé huit ans à chercher un site d'enfouissement pour ces déchets. Il n'en résulta qu'une seule candidature: la municipalité de Deep River, communauté-dortoir des Laboratoires de Chalk River. Mais lorsque le gouvernement fédéral refusa de garantir les emplois des scientifiques de l'énergie nucléaire de Chalk River, l'offre fut rejetée. Faute de preneur, les déchets nucléaires attendent toujours à Port Hope.

LES DÉCHETS RADIOACTIFS

Déchets radioactifs divers

On stocke en ce moment de façon temporaire des vadrouilles, chiffons, vêtements et outils radioactifs, de même que des équipements contaminés tels que filtres et tubes de force, dans des contenants enfouis dans des tranchées peu profondes sur le site du Complexe électronucléaire de Bruce, à Gentilly et ailleurs. À Bruce, un incinérateur sert à réduire le volume des matériaux radioactifs combustibles.

LES DÉCHETS RADIOACTIFS

Les déchets hautement radioactifs

Plus de 99 pour cent de la radioactivité créée dans un réacteur nucléaire se trouve dans le combustible usé. Ces déchets émettent un rayonnement gamma si puissant qu'une personne non protégée se trouvant à un mètre d'une grappe de combustible CANDU fraîchement sortie du réacteur recevrait une dose mortelle de rayonnement en quelques secondes. C'est ce mélange de substances extrêmement radioactives qu'on appelle déchets nucléaires hautement radioactifs.

Le combustible usé contient des centaines de substances radioactives créées dans le réacteur:

  1. lorsque les atomes d'uranium sont scindés, les fragments qui en résultent sont radioactifs: c'est ce qu'on appelle «les produits de fission»;
  2. lorsque les atomes d'uranium absorbent des neutrons sans se fragmenter, ils sont transmutés en «éléments transuraniens», comme le plutonium, l'américium et le curium.

À cause de la présence de ces substances très toxiques, le combustible usé reste dangereux pendant des millions d'années.

LES DÉCHETS RADIOACTIFS

Les déchets de déclassement

Les matériaux structuraux dans le coeur d'un réacteur en marche deviennent radioactifs à cause du bombardement par neutrons. Il en coûte presque aussi cher de démanteler une telle structure radioactive qu'il en coûte pour la construire.

On prévoit devoir attendre au moins 40 ans avant de s'attaquer à cette tâche et on devra alors utiliser la technique de taille sous l'eau afin de minimiser l'exposition des travailleurs au rayonnement. Le démantèlement d'un seul réacteur produira des centaines de pleins camions de décombres radioactifs.

LES DÉCHETS RADIOACTIFS

Les déchets provenant
de laboratoires nucléaires

Le site de Chalk River comporte de nombreux problèmes de déchets: six réservoirs souterrains contenant des déchets liquides hautement radioactifs, une piscine pour combustible usé qui fuit depuis 30 ans, des fosses où l'on déverse des isotopes depuis des dizaines d'années, des composantes de réacteurs endommagés enfouies sur place et une «aire de dispersion» où des millions de litres de déchets radioactifs liquides ont été déversés dans des tranchées peu profondes à proximité de la rivière des Outaouais.

Il en va de même pour le site de l'Établissement de recherches nucléaires de Whiteshell, au Manitoba; il est tellement contaminé qu'il sera très onéreux de le fermer. Le Vérificateur général du Canada a déclaré qu'Énergie atomique du Canada limitée (responsable des deux laboratoires) n'a pas correctement comptabilisé les coûts de remise en état de ces sites. Ottawa a l'intention de privatiser l'Établissement de recherches nucléaires de Whiteshell.


LA RECHERCHE NUCLÉAIRE


Cette voûte souterraine, à Lac du Bonnet au Manitoba, a été
excavée pour faire des essais sur le granite Précambrien, le
type de roche qui accueillerait éventuellement une installation
de stockage permanent des déchets hautement radioactifs.


LA RECHERCHE NUCLÉAIRE

Les réacteurs de recherche

Les scientifiques utilisent les réacteurs de recherche pour étudier les propriétés atomiques de la matière. Lorsque des substances non radioactives sont bombardées par des neutrons à l'intérieur d'un réacteur, elles deviennent radioactives, ce qui permet de faire des analyses avec un haut degré de précision.

LA RECHERCHE NUCLÉAIRE

La production d'isotopes

Les isotopes radioactifs peuvent être produits en grande quantité dans les réacteurs de recherche. On vend certains de ces isotopes à des fins médicales, industrielles et scientifiques. Le Canada est le premier producteur mondial de molybdène 99 et de cobalt 60.

En plus des grands réacteurs de recherche et de production d'isotopes à Chalk River, il y a aussi plusieurs petits réacteurs de recherche qui appartiennent à des universités.

LA RECHERCHE NUCLÉAIRE

L'irradiation des aliments

Afin de trouver de nouveaux débouchés pour ses isotopes, l'industrie nucléaire canadienne a l'intention d'utiliser le rayonnement intense du cobalt 60 pour tuer insectes et microbes se trouvant dans les épices, les fruits, la volaille, les céréales et autres denrées alimentaires. Le but est d'en prolonger la durée de conservation. Au Québec, il y a deux irradiateurs de ce genre: un à Laval et un à St-Hyacinthe. On utilise une technologie semblable pour stériliser les équipements médicaux.

Un comité parlementaire s'est prononcé contre l'irradiation des aliments en attendant que d'autres études sérieuses soient complétées. On a aussi noté des brisures chromosomiques chez des enfants qu'on avait nourris au blé irradié. De plus, l'irradiation crée de nouvelles substances chimiques dans les aliments, soit les produits radiolytiques, dont certains sont cancérigènes. L'irradiation des aliments réduit aussi le contenu en vitamines des aliments; la perte peut varier entre 20 et 80 pour cent.

L'industrie propose un étiquetage discret des denrées alimentaires irradiées afin de réduire les inquiétudes des consommateurs.

LA RECHERCHE NUCLÉAIRE

Les réacteurs de chauffage

On peut utiliser de petits réacteurs pour alimenter un groupe d'édifices en chaleur ou en vapeur pour le chauffage. À Whiteshell, on a construit un prototype de réacteur de chauffage à distance mais il n'a jamais été homologué pour fonctionnement à pleine puissance. Deux universités, au Québec et en Saskatchewan, ont toutes deux refusé l'acquisition ce genre de réacteur qu'on leur proposait à titre gratuit, à cause de problèmes non résolus associés à cette technologie. La recherche portant sur ce genre de réacteur a depuis été suspendue au Canada.

LA RECHERCHE NUCLÉAIRE

Le stockage permanent dans le roc

Au Laboratoire de recherches souterrain d'EACL, au Manitoba, on a foncé un puits de 500 mètres dans la roche cristalline du Bouclier canadien et on y a excavé des voûtes souterraines. L'industrie nucléaire propose d'entreposer dans la roche, de façon permanente, les déchets nucléaires hautement radioactifs.

Une commission fédérale a recommandé à Ottawa de ne pas aller de l'avant avec ce projet puisqu'il n'est pas acceptable aux Canadiens et qu'on n'a pas fait la preuve qu'il est sécuritaire. Le gouvernement du Manitoba a déclaré illicite l'importation dans la province de déchets nucléaires hautement radioactifs dans le but de les enfouir.

LA RECHERCHE NUCLÉAIRE

Les déchets liquides
hautement radioactifs

Les scientifiques de Whiteshell ont fait des recherches sur la solidification des déchets liquides hautement radioactifs résultant du retraitement du combustible usé.

Les partisans du nucléaire sont convaincus qu'on procédera à l'extraction du plutonium avant de placer le combustible usé dans les voûtes de stockage permanent; dans ce cas, les déchets rendus liquides par cette opération devront être solidifiés. C'est pour cette raison qu'ils définissent les déchets nucléaires comme étant soit des grappes de combustible non retraité, soit des déchets solidifiés résultant du retraitement.

À Chalk River, on trouve six réservoirs souterrains de déchets liquides hautement radioactifs résultant du retraitement fait à la fin des années quarante. Une partie de ces déchets liquides a été coulée en des blocs de vitre qu'on a ensuite enfouis dans un sol sablonneux aux abords de la rivière des Outaouais. Ce fut là le premier projet-pilote de solidification des déchets radioactifs.

LA RECHERCHE NUCLÉAIRE

Le combustible à plutonium (MOX)

On a exploité pendant des années une usine-pilote de fabrication de combustible à plutonium en prévision du jour où le combustible à plutonium deviendrait monnaie courante.

On a remis ces plans en question lorsque le Président Carter s'est opposé au retraitement pour des raisons de sécurité globale. Le Président Clinton a adopté lui aussi une position semblable.

Mais le Canada persiste à maintenir ouverte l'option plutonium. En 1997, on a donné le feu vert pour procéder à des essais, à Chalk River, sur l'utilisation de plutonium militaire provenant du démantèlement des ogives nucléaires russes et américaines comme combustible de réacteur. Si ces essais donnent des résultats «favorables», on pourrait importer au Canada 100 tonnes de plutonium au cours des 25 prochaines années.


LA CHALEUR DE
DÉSINTÉGRATION
NUCLÉAIRE

Le combustible usé est extrêmement radioactif; en conséquence, il s'en dégage spontanément de la chaleur qu'on appelle «chaleur de désintégration radioactive».


Combustible usé dans la piscine de stockage de
Gentilly-2, réacteur CANDU à Bécancour, au Québec


LA CHALEUR DE
DÉSINTÉGRATION NUCLÉAIRE

Stockage en piscine

Les grappes de combustible usé qu'on retire d'un réacteur CANDU doivent être refroidies dans des piscines d'eau à circulation continue pendant au moins sept ans. Si jamais l'eau de refroidissement n'était pas disponible pour une période prolongée, le combustible usé surchaufferait, entraînant la rupture de la gaine métallique qui le contient. Cela occasionnerait l'échappement de gaz et de vapeurs radioactives dans l'environnement.

Il y a toujours au moins une piscine près de chaque réacteur, afin de contenir les déchets hautement radioactifs qui y sont produits.


Silos de stockage à sec du combustible usé
à Pointe Lepreau, au Nouveau-Brunswick


LA CHALEUR DE
DÉSINTÉGRATION NUCLÉAIRE

Stockage à sec

Une fois refroidies sept ans en piscine, les grappes de combustible usé CANDU peuvent être transférées à des silos de stockage à sec.

Les grappes sont toujours extrêmement radioactives et doivent être manipulées par des robots. La chaleur de désintégration a cependant diminué assez pour que le refroidissement puisse se faire par l'air qui circule naturellement par les évents du silo. Toute obstruction qui empêcherait la libre circulation de l'air ferait monter la température à l'intérieur des conteneurs en béton.

Le stockage à sec est une autre mesure provisoire, faute d'une solution au problème de stockage à long terme des déchets radioactifs.


Galerie souterraine à Lac du Bonnet, au Manitoba, percée
pour vérifier le concept de stockage permanent dans le roc


LA CHALEUR DE
DÉSINTÉGRATION NUCLÉAIRE

Stockage permanent

L'industrie nucléaire voudrait enfouir le combustible usé refroidi pendant 10 ans dans la roche du Bouclier canadien. Mais une commission environnementale a recommandé récemment de ne pas procéder à cette étape.

La chaleur de désintégration radioactive ne pourrait plus être enlevée une fois la voûte souterraine scellée; la chaleur serait alors absorbée par la roche environnante. La température de la roche dans laquelle le combustible serait enfoui augmenterait, atteindrait un certain maximum, et diminuerait ensuite graduellement pour atteindre la température ambiante de la roche à son état original. Cette «vague» de chaleur pourrait causer la formation de fissures et donc accélérer le rejet des substances radioactives dans l'environnement.

Énergie atomique du Canada limitée prédit que la durée de cette «vague» serait de 50 000 ans. Les plus anciennes pyramides d'Égypte ont été construites il y a 5 000 ans.


[La fission nucléaire ]

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